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LE JUBE DE SAINTE CECILE
Sa présence dans le remarquable état de conservation où il se trouve est d'autant plus précieuse que la plupart des jubés ont été détruits .
Bâti en travers de l’église, le jubé est une tribune monumentale. Entre le XVIe et le XIXe siècle, ces constructions magnifiquement sculptées disparaissent de presque toutes les églises de France.
Pour beaucoup de visiteurs d’églises, les jubés sont un mystère. Déjà parce qu’ils n’en restent plus que quelques dizaines en France. Aussi parce qu’on ne comprend pas l’intérêt de barrer une église par ces clôtures monumentales qui dissimulent partiellement le chœur.
Élevés à partir du XIIe siècle, les jubés servaient principalement à la lecture et aux chants liturgiques. Même si la plupart ont été démantelés, des fragments subsistent ; ils témoignent d’une richesse décorative équivalente à celle des portails. Raison pour laquelle ils méritent notre attention.
Construit en pierre ou en bois, le jubé s’intercale généralement entre les piliers de la croisée du transept. Haut de quelques mètres, il cache plus ou moins le chœur.
L’existence de ces jubés nous déroute : que fait cette masse en plein milieu de l’église ? Elle brise la perspective du monument.
Comprenez que les grandes églises médiévales (cathédrales, collégiales, abbatiales) étaient plus compartimentées qu’aujourd’hui. Le clergé se réservait un espace isolé de la foule des laïcs, le chœur liturgique. Le jubé empêchait précisément les simples fidèles d’y pénétrer.
Le Moyen Âge a aussi donné au jubé des fonctions liturgiques. Un clerc y montait pour lire, à l’attention des laïcs, les textes sacrés (l’Évangile et les épîtres) et pour réciter des prières. De cette fonction vient le nom du jubé. Avant la lecture de l’Evangile, le clerc demandait la bénédiction : « Jube domine benedicere », ce qui veut dire « Daigne Seigneur accorder ta bénédiction ».
Derrière le jubé se déroulait la messe. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les fidèles ne voyaient pas bien ce qui se passait dans le chœur. Sauf quand on ouvrait les portes du jubé à certains moments de la cérémonie, par exemple lors de l’élévation de l’hostie.
Cette disposition accentuait le côté mystérieux de la messe. Le peuple suivait tout de même l’office divin grâce aux chants, à la musique qu’ils entendaient et grâce au clerc monté au jubé.
Dans les niches des 35 piliers qui divisent la clôture de chœur haute de 6,54 m, sont placées de courtes statues en pierre polychromée des Prophètes de l'Ancien Testament à l'extérieur, et à l'intérieur 15 statues figurant l'Église (12 apôtres, la Vierge Marie, saint Jean-Baptiste et saint Paul, et 72 statues d'anges groupées autour de sainte Cécile, puis enfin Charlemagne et Constantin dominant les portes)
Le jubé clôt cet ensemble avec des arches gothiques ajourées. Le pourtour de cette clôture est orné sur deux rangées de 120 stalles surmontées de dais délicatement sculptés, et ses 72 statues d'anges aux figures symboliques.
Cet article clôt ma visite à la cathédrale d'Albi. On peut être fan ou préférer le style roman, mais son architecture et sa décoration sont remarquable.
A bientot.
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Commentaires
bonjour Moune , ah oui magnifiques photos et là tu m'en apprends ++++ , que de chef-d'œuvre dans cet intérieur
merci c'est un pur régal pour mes yeux a+ bel am
Coucou Moune ,
C'est vraiment très beau. merci pour ces photos et toutes ces explications. Bonne fin d'AM. Bisous. Huguette
Merci pour toutes ces explications. Je ne savais pas trop ce qu'était un jubé.
Tes articles sont toujours intéressants. Bravo !
Bonjour Mouneluna,
Encore un élément extraordinaire et indissociable de cette cathédrale. J'ai eu aussi la chance de le voir, et c'est vrai qu'il est monumental. Merci pour les explications qui vont avec.
Bises.
quelle splendeur, et merci, je ne me souvenais pas de ces détails de la cathédrale. gros bisous. cathy
N'y aurait-il pas une certaine analogie entre les jubés et les iconostases des églises orthodoxes ?
il y a tellement le choix de ces beaux plafonds, qu'il nous est difficile de faire un choix.....passe une bien belle journée
on passe de surprises en surprises dans cette série! On ne sait plus quoi dire devant cette foison de détails. Mais quelle était l'artiste ou les artistes qui ont créé ces merveilles!! En latin on dit "horror vacui" ou l'horreur du vide....une ode à dieu surement....mais que de travail entre sculptures et peintures.
Un grand merci pour ton reportage très réussi!!!!!
Bises Monique
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Coucou Moune,
Elle est superbe, y entrer valait le coup.
Merci pour le partage.
Bises et bonne journée